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Cazevieille – Croix du Pic Saint-Loup – Station météo

11 mai 2020

L’emblématique croix de fer qui trône au sommet du Pic Saint-Loup, à 658 mètres d’altitude, a été vandalisée. Elle gît à terre ou plus exactement à moitié dans le vide, après avoir été abattue. Un tag « le pic laïque » a été retrouvé non loin. Certains tweetos rappellent que c’est déjà arrivé en 1989.

Hérault : la croix du Pic Saint-Loup, vandalisée et découpée, en équilibre au bord d'un précipice de 300 mètres - 11 mai 2020.

Source : France 3 Occitanie : la croix du Pic Saint-Loup, vandalisée et découpée, en équilibre au bord d’un précipice de 300 mètres – 11 mai 2020. © F3 LR D.Clerc

Voir l’aticle et les photos sur France 3 Occitanie


Sur Google maps :

43°46’43.9″N 3°48’39.1″E

43.778848, 3.810871

Cazevieille - Pic Saint-Loup Station météo (6).JPG


 

Croix du Pic Saint-Loup : C’est M. l’abbé Eugène Bessodes, actuellement curé de Marsillargues, jadis curé du Mas-de-Londres et de Cazevieille, qui prit l’initiative de faire ériger au sommet du Pic Saint-Loup une Croix monumentale.

Il le fit  » pour donner au Pèlerinage annuel du 10 mars un caractère plus pieux et plus populaire et pour attirer les bénédictins du Divin Rédempteur sur la vaste plaine du Languedoc, qui s’étend au pied du Pic Saint-Loup « .

Il fut encouragé et très activement secondé dans cette entreprise par le regretté M. Charles Plagniol de Saint-Gely-du-Fesc, alors directeur général de la Société « l’Union des Bauxites » pèlerin très assidu de Saint-Joseph du Pic Saint-Loup.

L’abbé Maurice Bessodes, directeur de la Croix Méridionale, actuellement curé de Celleneuve, ouvrit dans son journal une souscription qui obtint un très grand succès.

Toute la région participa ainsi avec beaucoup de générosité à l’érection de cette Croix qui mesure 9 mètres de hauteur.

Ceux qui en avaient eu la pensée auraient bien voulu la faire bénir solennellement par le Cardinal de Cabrières en personne.

A cette occasion se passa une de ces scènes pleines de bonté, de cordialité, de simplicité, de bonhomie, d’intimité dont le Cardinal avait le secret.

A ceux qui lui présentaient la demande :  » Mes chers enfants, répondit-il, comment voulez-vous qu’à mon âge, je parvienne à grimper à pied, avec une célérité suffisante, jusqu’en haut des sentiers abrupts de notre pic ?

– Monseigneur, qu’à cela ne tienne, nous mettrons à votre disposition une monture.

– Et laquelle ?

– Un âne… Jésus s’en servait…

– Sans doute ! Mais il y a bien longtemps de cela et les temps ont changé. Je veux tout de même vous être agréable et me donner à moi-même une satisfaction pieuse. Si la Croix du Pic-Saint-Loup ne reçoit pas de moi la bénédiction solennelle, elle recevra quand même une bénédiction qui sera sa première et que je lui donnerai de tout cœur. J’irai à l’atelier de serrurerie de mes bons amis Andrieux et Fernand où vous me dites qu’elle se trouve actuellement, et c’est là que je la bénirai « .

Ainsi fut fait. Sans nul apparat, la Croix publique du Saint-Loup fut bénite dans l’atelier bien connu du Cours des Casernes, au milieu de ceux qui avaient pris l’initiative de la construction, des entrepreneurs qui l’avaient conçue et des braves artisans qui l’avaient forgée de leurs bras.

Sur tous ceux-là aussi, dit-on, bien des bénédictions se posèrent !

Pour monter la Croix bénite au sommet du Pic, le Curé, par la voix de la presse, fit appel à des porteurs de bonne volonté. Il en vint 58.

Dans le Bulletin de l’œuvre de la Jeunesse Chrétienne (no décembre 34, janvier 35), l’un d’eux raconte cette expédition avec beaucoup de naturel et d’humour.

L’entrepreneur, notre excellent Frère, M. Fernand, qui est un maître en ferronnerie artistique, avait fait sectionner la Croix en trois parties afin de faciliter l’ascension.

Le 7 mars, l’équipe des volontaires se réunit à la Crouse. Elle était composée surtout de solides travailleurs des vignes et des champs. A un commandement, ils hissèrent sur leurs épaules les trois tronçons et s’engagèrent dans le sentier rude et étroit, si étroit que plusieurs personnes, dit le chroniqueur, ne peuvent y marcher de front.

 » La montée fut pénible, très pénible même, car dans les tournants ou les endroits encaissés, il arrivait que tout le poids retombait sur une ou deux épaules. C’était alors la tension de tous les muscles et, par la suite, la grosse fatigue.

A midi les trois tronçons reposaient au sommet du Pic. Nous avions mis deux bonnes heures à faire l’ascension. Et tout en essuyant nos visages trempés de sueur, nos regards allant de ces pièces métalliques vers la Crousette que l’on apercevait au pied du Pic, semblaient dire :  » il les vaut mieux ici qu’en bas ! « 

Un bon apéritif n’ajouta rien à l’appétit que la rude montée avait aiguisé. M. l’abbé prit la photographie du groupe, un exemplaire fut remis à chacun avec cette indication :  » Les 58 qui montèrent la Croix au Saint-Loup, mars 1911 « .

Il fallut après déjeuner redescendre jusqu’à la Crousette et remonter avec un sac de 50 kilos de ciment sur les épaules. Je vous conseille ce digestif « .

Pendant ce temps les serruriers assemblaient les tronçons. La Croix fut enfin hissée et placée dans un trou de scellement, trou creusé en plein roc, quelques jours avant, par MM. Sésia père et fils, ouvriers mineurs que M. Plagniol avait fait venir de Brignolles (Var). Avant de sceller, on avait inscrit les noms des 58 sur une feuille de papier placée dans une bouteille de champagne qui fut cachetée et déposée entre les fers, au pied de la Croix.

 » Quand les hommes à venir voudront la remplacer par une neuve ils trouveront les noms de ceux qui montèrent la Croix actuelle parmi lesquels, écrit en terminant le porteur-chroniqueur, celui qui signe pour vous : Un des 58 « .

Qu’il nous soit permis, au cours de cette Enquête, de dévoiler le modeste anonymat de ce vaillant. Il s’appelle Jean Gibely.

– Comment s’étonner qu’une telle ascension si savoureusement décrite en prose ait trouvé son poète ?

Ce fut en la personne de notre sympathique Frère, Dezeuze, dit l’Escoutaïre.

Qu’il nous soit permis de citer quelques-uns tout au moins des admirables vers qu’en « lango nostra » Dezeuze mit sur les lèvres même du Christ :

 » Omes de Lengadoc. – Gramecis ! sès valhents, abès de roc en roc. – Pesès nuds couma ièn, mountat ma Crous de ferre. – Voste sang a macat lous carrairous dau serre. – Vostas susous an refrescat soun sou brullat. – Couma ièu, per moments, l’alé vous a mancat. – E vous sès achourrats, escramats, jou lou viage. – Despiai aquel es fort, sus lou grand païsage – Que s’espandis das Pirénéus au Mount Ventous. – Vous garde, mous enfants, lous dous brasses en crous … – Car vous aime, o raça jœnousa – Que tout lou mounde non coumprènd, – Raça galejairo e serrouisa – Qhé ris e canta dins lou vent. – Vosta garriga seca e fina – Me remembra ma Palestina – E me retrobo à Nazareth – Quand vers lou pous, au clar de luna, – Vai quauca bella vierja bruna – Couma la que me nourriguet ».

Traduction :  » Hommes du Languedoc merci ! Vous êtes des vaillants. Vous avez de roc en roc, pieds nus comme moi, monté ma Croix de fer. Votre sang a tâché les sentiers pierreux de la montagne. Vos sueurs ont rafraîchi son sol brûlant. Comme à moi, par moments, le souffle vous a manqué et vous vous êtes affaissés écrasés sous votre fardeau. Depuis cet effort, sur le grand paysage qui s’étend des Pyrénées au Mont Ventoux, je vous garde, mes enfants, les deux bras en croix.

… Car je vous aime, ô race joyeuse, que tout le monde ne comprend pas, race badine et sérieuse qui rit et chante dans le vent. Votre garrigue sèche et fine me rappelle ma Palestine et je me crois à Nazareth quand près d’un puits, au clair de lune, s’avance quelque belle vierge brune comme celle qui m’a nourri « .

La Croix fut solennellement bénite en la fête de St Joseph, le 19 mars 1911, par le très digne Mgr Gervais, alors Archiprêtre de la Cathédrale de Montpellier, au milieu d’un grand concours de pèlerins accourus de toutes parts. – L’année suivante, 1912, la Croix fut peinte en blanc pour augmenter sa visibilité.

Un Chemin de Croix fut érigé partant de la Crouzette devenue la 1ere station, aboutissant au sommet où la grande Croix forme la 12e. L’inauguration eut lieu, en la même fête, le 19 mars 1912.

Enfin en 1914, la grande Croix fut parée d’un beau Christ sorti des Ateliers Mouna de Toulouse, que M. l’abbé Bessodes eut la grande joie de bénir à la Saint-Joseph de 1914.

Source : Enquête sur les croix publiques du diocèse de Montpellier (Hérault), répartitions communales, Confrérie des Pénitents Blancs de Montpellier, 1934-1935